Vincent Eschmann / Myanmar / 2019

Zo-Mi : peuple des montagnes


Ethnie Zo-Mi
Etat Chin / Birmanie / Asie 2018/2019
Vincent Eschmann

Reportage réalisé en 2018 et 2019 en Birmanie. Ce travail s’inscrit dans la continuité de mes recherches photographiques sur l’érosion des identités à travers le monde et particulièrement en Asie du Sud Est.
Les Zo-Mi, à l’instar de beaucoup de communautés, sont particulièrement vulnérables aux changements sociaux-économiques qui menacent leur culture.

 

Le peuple Zo-Mi vit au milieu de la jungle montagneuse de l’état Chin, à l’est de la Birmanie. Cet état rural est le plus pauvre et le moins développé de tout le pays. Les Zo-Mi, ou peuple des montagnes, ont une origine Tibeto-Burma commune avec toutes les ethnies voisines de la région.
Malgré la conversion progressive de ces communautés au Christianisme et au Bouddhisme, les croyances animistes et le culte chamanique sont toujours présents dans certains villages.

Les femmes de l’ethnie Zo-Mi pratiquaient traditionnellement l’art du tatouage. A l’instar d’autres peuples à travers le monde, sa fonction première est esthétique. Certaines sources évoquent cependant un marquage pour éviter les rapts des clans rivaux ou des royaumes voisins.
La particularité des tatouages Zo-Mi réside dans leur grande diversité de motifs ainsi que dans leur application sur l’intégralité du visage. Si la technique reste identique, les motifs diffèrent selon les clans et les régions.
Les tatouages, réalisés à la puberté, était à l’origine d’une grande souffrance et nécessitaient du courage de la part des jeunes filles. Ces caractéristiques peuvent ainsi s’apparenter à un rituel qui symbolise le passage de l’enfance à l’âge adulte. Les jeunes femmes prouvant ainsi leur mérite, affirmaient également leur statut et leur place dans la communauté

A travers ces portraits se pose également la question de l’objectivité des critères esthétiques qui renvoient aux codes sociaux et culturels d’une population. A la différence de l’Occident, où le tatouage était perçu comme un signe de marginalité il y encore peu de temps, il était synonyme d’une grande beauté dans ces communautés.

Cette pratique tribale a été interdite dans les années 50 par la junte militaire arrivée au pouvoir à la libération du pays. Les nombreuses ethnies de Birmanie ont alors été contraintes d’abandonner leurs pratiques identitaires comme le tatouage ainsi que leurs croyances jugées païennes.

Ces femmes sont les dernières représentantes de cet art qui disparaitra inéluctablement avec elles.






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